206 milliards de dollars : le coût faramineux de la fraude en ligne
En France, le taux de fraude sur les paiements en ligne s’élève en moyenne à 155 euros pour 100 000 euros de transactions, selon la Fevad (2025), ce qui représente une perte conséquente pour les commerçants. Plus inquiétant encore, Juniper Research (2022) estime que la fraude aux paiements en ligne coûtera au niveau mondial 206 milliards de dollars d’ici la fin 2025, contre 130 milliards en 2020, illustrant une progression rapide et massive.
Cette progression s'explique notamment par l'essor du commerce électronique, accéléré par la pandémie avec une croissance de 20% en valeur des transactions en ligne. Les fraudeurs ont adapté leurs méthodes, exploitant cette digitalisation massive pour développer de nouveaux modes opératoires toujours plus sophistiqués.
Pour les commerçants, ces chiffres peuvent sembler décourageants. Pourtant, des solutions existent pour se prémunir efficacement contre ces risques, sans pour autant complexifier l'expérience d'achat de vos clients légitimes.
Quelles sont les menaces qui visent votre boutique ?
Avant de mettre en place des mesures de protection, il convient d'identifier les types de fraudes les plus couramment rencontrés dans l'e-commerce :
La fraude au paiement reste la plus répandue. Elle consiste à utiliser des cartes bancaires volées ou compromises pour effectuer des achats en ligne. Les fraudeurs ciblent souvent les nouveaux sites ou ceux disposant de mesures de sécurité moins strictes.
La fraude par manipulation représente une menace croissante et particulièrement insidieuse. Selon l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (Banque de France, 2024), elle représente désormais 32% du montant total de la fraude aux moyens de paiement. Contrairement aux fraudes classiques, ces fraudes sont authentifiées : le fraudeur parvient à convaincre la victime d'authentifier elle-même la transaction (transmission d'un code SMS, validation via application bancaire), en se faisant passer pour un conseiller bancaire ou un service client légitime.
La fraude au paiement en plusieurs fois : les acheteurs mal intentionnés payent la première mensualité puis mettent immédiatement la carte en opposition. Cette fraude peut être cumulée à la Fraud as a Service : les consommateurs mal intentionnés peuvent acheter les services d’une personne qui réalise le premier paiement à leur place.
La rétrofacturation frauduleuse (chargeback fraud) constitue un fléau particulier pour les e-commerçants. Le client conteste à tort un achat auprès de sa banque pour obtenir un remboursement, tout en conservant le produit. Cette pratique, peu répandue en France, peut représenter jusqu'à 0,5% du chiffre d'affaires selon certaines études sectorielles.
La fraude à l'identité représente une menace croissante, estimée à 14 milliards de dollars de pertes d'ici 2025. Les fraudeurs créent de fausses identités en combinant des éléments réels et fictifs pour ouvrir des comptes ou souscrire à des services.
La fraude par les embauches d’intérim : les fraudeurs se font embaucher en intérim directement dans les banques, au cœur du système.
La fraude logistique intervient après le paiement et touche particulièrement les secteurs avec des produits de valeur. Elle inclut le détournement de colis, les livraisons à de fausses adresses ou encore l'interception de commandes.
La Fraud as a Service : l'industrialisation de la fraude
Le modèle "Fraud as a Service" (FaaS) transforme la fraude en une industrie organisée accessible à tous. En effet, des plateformes proposent des outils de fraude clés en main : bases de données de cartes volées, kits de phishing, logiciels de test de cartes ou services de création de fausses identités, le tout disponible à l'achat ou à la location. Il est également possible d'engager des individus qui, contre rémunération, réalisent directement des opérations frauduleuses et prennent en charge la planification et l'exécution et des attaques.
Cette professionnalisation explique l'explosion des tentatives frauduleuses : il n'est plus nécessaire d'avoir des compétences techniques avancées pour mener des attaques sophistiquées.
Comment la technologie protège-t-elle vos transactions ?
L'authentification forte comme première ligne de défense
Le protocole 3D Secure 2 repose sur une authentification forte permettant de vérifier que la personne réalisant la transaction est bien le porteur légitime du moyen d’authentification, réduisant ainsi les risques de fraude.
L'authentification multifactorielle sur les comptes clients ajoute une couche de sécurité supplémentaire. En combinant plusieurs éléments d'identification (mot de passe, SMS, empreinte digitale), les d’usurpation d’identité sont considérablement réduits.
L’analyse en temps réel pour détecter les fraudes
Les prestataires de paiement s’appuient sur des techniques capables d’examiner, en temps réel, un large ensemble de paramètres transactionnels et contextuels : montant, pays d’origine, historique d’achat, mode de livraison, ou encore type d’appareil utilisé. En complément, un profilage comportemental prend en compte des éléments tels que l’ancienneté du compte client, les dépenses cumulées, le nombre de cartes refusées ou partagées, ou encore l’utilisation d’un nouveau moyen de paiement.
Chaque transaction se voit ainsi attribuer un niveau de risque permettant d’appliquer des règles adaptées : demande d'authentification forte pour les transactions suspectes, blocage automatique des paiements suspects, ou validation fluide des transactions légitimes. Résultat : un contrôle agile qui protège votre chiffre d’affaires tout en maintenant une fluidité optimale dans le tunnel de paiement.
Sécurité vs fluidité : faut-il choisir ?
Diversifier intelligemment vos moyens de paiement
Dans un contexte où les clients s’attendent désormais à pouvoir choisir leur mode de paiement préféré, élargir votre offre devient un passage obligé pour faciliter l’achat et limiter l’abandon panier. Cartes de paiement, portefeuilles électroniques, virements instantanés, BNPL… chaque option répond à des usages et des attentes spécifiques.
Mais cette diversification augmente mécaniquement les points d’entrée pour les fraudeurs. Chaque moyen de paiement possède son propre niveau de sécurité et expose votre parcours à des risques différents : usurpation d’identité, détournement de compte, contournement des sécurités ou encore fraude au remboursement.
Pour maintenir un haut niveau de sécurité tout en répondant aux attentes des consommateurs, il est essentiel de :
- Comprendre le profil de risque de chaque moyen de paiement.
- Cartes : fraude transactionnelle, utilisation de cartes volées.
- Wallets : fraude par prise de contrôle de compte (Account Takeover - ATO)
- BNPL : forte proportion d’impayés volontaires, parfois qualifiés de « buy now, pay never » ou de first-party fraud, où un client utilise le paiement fractionné sans réelle intention de rembourser.
- Adapter vos règles de contrôle : authentification renforcée, limites de paiement, vérifications d’identité, analyse comportementale…
- Introduire de nouveaux moyens de paiement avec un plan de sécurisation, plutôt que d’élargir l’offre sans stratégie.
- Surveiller les tendances de fraude propres à chaque option, notamment celles qui montent en popularité.
En résumé, diversifier les moyens de paiement est souvent nécessaire pour améliorer l’expérience client, mais ce choix doit aller de pair avec une maîtrise fine des risques associés.
Sécuriser vos données avec la tokenisation
La tokenisation, dont les vertus sont connues pour l’effet positif sur le taux d’acceptation, est une technologie qui protège les données sensibles stockées en remplaçant les numéros de carte de paiement par des jetons uniques et non utilisables hors contexte. Son principal avantage : réduire le risque en cas de fuite de données chez le commerçant, particulièrement pour ceux qui stockent les coordonnées bancaires en mode direct.
Comment anticiper les attaques ?
Surveiller les indicateurs clés de performance
Un suivi régulier de vos métriques de paiement vous permet d'identifier rapidement les anomalies. Concentrez-vous sur :
- Une augmentation soudaine du volume de transactions peut être une alerte et est souvent synonyme de fraude.
- Le taux d'acceptation des transactions
- Le taux de refus par type de carte bancaire (par exemple, une hausse soudaine sur un réseau peut révéler des tests de cartes volées)
- L'évolution des réclamations de rétrofacturation
- La géolocalisation des tentatives de paiement
- Les fichiers OPOTOTTA dont dispose votre prestataire de paiement vous permet de consulter en temps réel les cartes CB mises en oppositions en France. Disposer de cette information vous permet par exemple de bloquer l’expédition des articles à temps.
Ces indicateurs permettent de constater rapidement une fraude en cours et d'ajuster vos règles de protection.
Automatiser les alertes de sécurité
Configurez des alertes automatiques pour être immédiatement informé des situations suspectes : pic inhabituel de transactions, commandes multiples depuis la même adresse IP, ou concentration géographique anormale des achats.
Cette surveillance proactive vous permet d'intervenir rapidement et de limiter l'impact des tentatives de fraude sur votre activité.
Pourquoi vos équipes sont votre première ligne de défense ?
Impliquer vos équipes dans la lutte anti-fraude
La formation de vos collaborateurs reste essentielle. Ils doivent être capables de reconnaître les signaux d'alerte : commandes inhabituelles, demandes de livraison urgente vers des adresses différentes de facturation, ou contacts clients évasifs lors de vérifications.
Organisez régulièrement des sessions de sensibilisation sur les nouvelles techniques de fraude et les procédures à suivre en cas de suspicion.
Votre secteur a-t-il des risques spécifiques ?
La fraude e-commerce ne touche pas tous les secteurs de la même façon. Chaque industrie fait face à des menaces et défis spécifiques qu'il est essentiel de bien comprendre pour adapter votre stratégie de prévention.
E-commerce général
Les fraudes à la carte bancaire et l’usurpation d’identité sont les principales menaces. Les PME, souvent moins équipées, sont particulièrement vulnérables face à ces attaques.
Secteur du voyage et des loisirs
Le taux de fraude y est particulièrement élevé, atteignant environ 36 % selon une étude de TransUnion. Les réservations de dernière minute sont souvent associées à des périodes de forte demande et à des réservations urgentes, ce qui crée des opportunités pour les fraudeurs d’exploiter les failles organisationnelles ou les systèmes de vérification moins rigoureux pendant ces pics d’activité.
De plus, les montants engagés dans le tourisme sont très élevés : une seule fraude sur un billet d’avion, un séjour ou une croisière peut représenter des centaines, voire des milliers d’euros de pertes pour le marchand. Cette rentabilité potentielle rend le secteur particulièrement attractif pour des escroqueries ciblées visant les paiements, les programmes de fidélité ou les remboursements abusifs.
Usurpations de cartes, fraudes au remboursement et techniques plus sophistiquées (comme l’achat de points de fidélité ou l’usage de fausses identités) sont fréquentes, exigeant des contrôles renforcés.
Mode et retail
Le secteur de la mode et du retail est particulièrement exposé à la fraude au remboursement, un phénomène qui recouvre diverses pratiques abusives visant à obtenir indûment des retours ou des remboursements.
Le wardrobing en est une forme spécifique : le client achète un vêtement, l’utilise (parfois uniquement pour un événement ponctuel), puis le retourne avec les étiquettes encore intactes. Cette pratique détourne le droit de retour et génère des pertes financières importantes.
Mais la fraude au remboursement ne s’arrête pas là. Elle inclut également d’autres tactiques, comme déclarer à tort la non-réception d’un colis, renvoyer des articles endommagés après usage, ou encore présenter de faux justificatifs pour obtenir un remboursement sur des produits volés ou acquis ailleurs.
Face à cette diversité et à la sophistication croissante de ces pratiques, les enseignes doivent mettre en place des contrôles adaptés et recourir à des solutions technologiques spécifiques pour limiter les abus, tout en préservant une expérience client fluide et satisfaisante.
Vos efforts anti-fraude sont-ils rentables ?
Calculer le retour sur investissement
Évaluer l'efficacité de vos mesures anti-fraude ne se limite pas au seul taux de fraude. Prenez en compte l'impact sur vos taux de conversion, la satisfaction client et les coûts opérationnels.
Une solution trop restrictive peut certes réduire la fraude, mais également faire fuir des clients légitimes. L'objectif consiste à trouver l'équilibre optimal entre protection et performance commerciale.
Ajuster continuellement votre stratégie
Les techniques de fraude évoluent constamment. Votre stratégie de protection doit s'adapter en permanence. Analysez régulièrement l'efficacité de vos mesures et n'hésitez pas à les faire évoluer selon les nouveaux risques identifiés.
Cette approche itérative vous permet de maintenir un niveau de protection optimal tout en préservant l'expérience de vos clients fidèles.
Faut-il faire cavalier seul contre la fraude ?
S'appuyer sur l'expertise des PSP
Face à la complexité croissante des fraudes en ligne, il est crucial de ne pas affronter cette menace seul. Faire appel à un prestataire de services de paiement (PSP) expérimenté apporte des outils technologiques avancés, une expertise pointue et une connaissance approfondie des évolutions du marché. Cette combinaison permet de détecter, analyser et prévenir efficacement les tentatives frauduleuses.
Monext propose une approche transparente et personnalisable de la lutte anti-fraude. Vous gardez la maîtrise complète de vos règles de sécurité : vous configurez vos critères selon votre secteur, vos types de transactions et l'évolution des menaces, tout en préservant l'expérience client.
Monext en tant que membre du GIE Cartes Bancaires, a la possibilité de consulter et de traiter en temps réel les données du fichier OPPOTOTA fournies par le GIE CB et actualisées plusieurs fois par jour. Ce fichier, recensant les cartes CB mises en oppositions en France, vous permet de réagir rapidement en cas de carte opposée.
En choisissant un partenaire comme Monext, vous bénéficiez d’un accompagnement évolutif et d’une collaboration proactive, essentielle pour anticiper et répondre aux défis continuellement renouvelés de la fraude e-commerce.





